
Israël, Iran, Hamas... Le nouveau président américain va devoir négocier avec de nombreux cobelligérants engagés dans une guerre régionale qui risque, jour après jour, d'enflammer toute la poudrière du Proche-Orient.
L'usage de la force. Tel est le leitmotiv de Donald Trump, fraîchement élu président des États-Unis d'Amérique pour la deuxième fois non consécutive. Cette même force, il compte l'employer dans la gestion de ses affaires courantes, mais aussi en diplomatie. Avec ses alliés comme ses ennemis, Trump ne compte pas faire dans le subtil. Selon ses propres dires, la guerre en Ukraine sera terminée en 24 heures. Au Proche-Orient, le 47ᵉ président des États-Unis compte stabiliser la région et trouver une solution pacifique. Mission quasiment impossible, même pour un président qui compte zéro guerre à son actif durant son dernier mandat.
Trump, un ami de Nétanyahou
Si les deux dirigeants sont proches, la situation au Proche-Orient risque de refroidir cette relation diplomatique. Même si les États-Unis ne comptent pas abandonner Israël à son propre sort, Trump espère trouver une solution rapide pour terminer la guerre. Car le nouveau président américain compte bel et bien appliquer une doctrine diplomatique qui ne risque pas de compromettre son pays dans une guerre éloignée de ses intérêts.
Concernant Tel Aviv, aucun arrêt des livraisons d'armes ou des subventions américaines (près de 18 milliards de dollars depuis le 7 octobre 2023) n'est prévu au programme de Trump. Mais la méthode du président américain est différente de cela. Quand sa concurrente Démocrate, Kamala Harris, s'est enfermée dans la question du conflit israélo-palestinien sans trop affirmer une position précise, le Républicain a tranché net : Israël doit en finir avec le problème de Gaza. Cette déclaration reste tout de même équivoque puisque Trump défend tout autant le droit d'Israël à se défendre qu'une solution pacifique pour la région.
Et la réaction du Hamas Palestinien en dit long sur l'espoir qu'incarne Trump, même pour les ennemis d'Israël : « Notre position vis-à-vis de la nouvelle administration américaine dépendra de ses positions et de son comportement dans la pratique envers le peuple palestinien, ses droits légitimes et sa juste cause. » Par le passé, Trump avait même reçu Mahmoud Abbas, président de l'autorité palestinienne, à Washington.
Si le Républicain se voit en pacificateur de la région, sa politique internationale peut bien avoir des effets positifs sur l'évolution des conflits. La crédibilité qu'il incarne peut avoir un effet rassembleur de l'ensemble des parties prenantes de la guerre autour de l'Oncle Sam. Non pas que les États-Unis continuent d'endosser le rôle de gendarme du monde, mais bien celui d'arbitre des conflits. Et les travaux que Donald Trump compte mettre en branle vont dans ce sens-là.
Jusqu'à un possible apaisement avec l'Iran
Alors que le pays perse fait face à de plus en plus de contestations internes, son isolation internationale pourrait le pousser à agir démesurément. Et bien qu'aucun pays occidental ne compte améliorer ses relations avec l'Iran des Mollahs, Donald Trump prépare le tout pour le tout.
Même si ce pays a juré destruction à Israël et déteste, par la même occasion, les États-Unis, la diplomatie semble être la meilleure voie pour arriver à un apaisement de la région.
Pour cela, le 47ᵉ président des États-Unis envisagerait de remettre sur la table l'accord sur le nucléaire iranien. Un projet resté lettre morte depuis que Donald Trump lui-même s'est retiré des négociations lors de son dernier mandat. Le retour de cet accord pourrait être un levier de négociation supplémentaire en vue de stabiliser le Proche et Moyen-Orient. Concrètement, le président américain serait prêt à remettre ce deal sur la table en monnayant une administration arabe à Gaza. Mais pour qu'une telle ambition se concrétise, il faut s'assurer des alliances dans la région.
Dans cet exercice, le Républicain n'est pas des moins habiles. Lors de son dernier passage à la Maison-Blanche, Trump avait réussi à mettre autour de la table des pays arabo-musulmans et Israël au sujet de la reconnaissance de l'État juif. Le Maroc, les Émirats arabes unis et Bahreïn ont signé cet accord. Depuis, le Soudan a normalisé ses relations avec Israël également.
Avec L'Iran, que Trump considère être un ennemi, l'objectif affiché est d'éviter toute escalade militaire dans la région. Alors que depuis le début du conflit israélo-palestinien en cours, plus de 43 000 personnes sont mortes à Gaza, selon le ministère de la Santé du Hamas. Qu'au Liban, un enfant meurt chaque jour depuis l'invasion israélienne du 23 septembre 2024. Et que l'UNICEF alerte sur les conséquences psychologiques de la guerre au Proche-Orient sur les enfants, le Républicain ne veut pas d'élargissement du conflit. Quitte à négocier avec ses plus grands rivaux.
Vers une solution pacifique ?
Le futur (probable) coordinateur des relations arabes de Trump, Massaad Boulos, aura pour objectif de conseiller le président des États-Unis sur ce dossier épineux du Proche-Orient. Le président américain et son administration savent très bien que les effets d'annonces ont une portée symbolique importante. Ce qui fait partie des stratégies politiques trumpistes depuis le début. Néanmoins, pour éviter que les velléités de paix ne soient que feu de paille, le Républicain va devoir saisir le taureau par les cornes et proposer un plan de paix concret et ficelé le plus rapidement possible. Si ce n'est même avant sa prise de fonction officielle prévue le 20 janvier 2025.
Et puisque le temps de la campagne est terminé, l'heure n'est plus à convaincre, mais d'agir. Si Kamala Harris a fait les frais lors de sa défaite d'un mandat démocrate précédent qui n'a pas su réunir les Américains autour des politiques internes et externes proposées, le glas de la continuité a sonné à Washington. Trump va donc devoir révolutionner ce qu'a été les quatre dernières années de la politique américaine. Et le 47ᵉ président des États-Unis d'Amérique et tout autant attendu au tournant à chez lui qu'à Tel Aviv, Beyrouth ou encore à Gaza City.
Comments